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Université Paris-Dauphine |
Apparu au début des années 2000, le modèle des plateformes s’est imposé dans de nombreux secteurs d’activité où de nouveaux types d’intermédiaires réorganisent les relations entre l’offre et la demande, a minima en redéfinissant le rôle des prestataires traditionnels, souvent en permettant l’entrée de nouveaux offreurs. N’investissant pas elles-mêmes dans des capacités de production, les plateformes ont pu rapidement se déployer et « disrupter » les modèles traditionnels d’offre de service. Elles contribuent à modifier le jeu concurrentiel et, ce faisant, elles affectent l’équilibre économique des opérateurs des secteurs concernés. Elles peuvent aussi remettre en question des politiques publiques comme celles concernant le travail, l’aménagement urbain, l’organisation de l’offre de transport, etc.
Face aux conséquences de l’émergence de ces plateformes, le débat public s’est engagé ces dernières années pour tenter d’établir les principes d’une intervention publique en la matière : Quelles justifications à l’intervention ? Quelles modalités d’action ? Le caractère très évolutif des plateformes, leur nature transnationale, le fort degré d’innovation, la grande complexité technique de leurs opérations, la diversité des modèles se sont conjugués pour, dans un premier temps, s’en remettre essentiellement à la responsabilité des opérateurs concernés et, de manière plus marginale, considérer qu’il appartenait surtout aux pouvoirs publics de préserver la forte concurrence dans le secteur du numérique en combattant les pratiques anticoncurrentielles. Face à la difficulté de caractériser ces dernières, à la mise en évidence d’un certain nombre de dérives, et à la consolidation du secteur autour de quelques opérateurs dominants, l’état d’esprit a évolué et plusieurs rapports publics ont prôné une nouvelle approche de la régulation des plateformes, nettement plus offensive. Les débats en la matière sont néanmoins loin d’être tranchés et le modus operandi de l’intervention, qu’il s’agisse des acteurs ou des outils qui doivent être mobilisés, fait l’objet de discussions, compliquées par ailleurs en raison du caractère transnational des activités concernées.
Ces débats sur la régulation des plateformes intéressent les parties prenantes des secteurs « régulés » à un double titre. Tout d’abord, les activités des grands acteurs du numérique, ou de nouveaux entrants, peuvent avoir un impact sur les secteurs régulés. Il importe de le prendre en compte dans la régulation sectorielle. Ensuite, le modèle des plateformes et les solutions réglementaires qu’il suscite peuvent être source d’inspiration pour les régulateurs; notamment au moment où les opérateurs traditionnels peuvent eux-mêmes chercher à s’ériger en plateforme ou se réorganiser en plateforme dans leur secteur d’activité.
Cette matinée de réflexion du Club des Régulateurs s’organisera autour de deux séries d’interventions. Dans un premier temps, on reviendra sur les réflexions et sur l’état des débats sur la régulation des plateformes : pourquoi et comment le cas échéant les réguler ? On verra que, pour certains, ce ne sont pas nécessairement les plateformes en tant que telles qu’il convient de réguler mais certaines pratiques ou au contraire certains écosystèmes. Dans un second temps, on analysera comment les régulateurs français sont confrontés à des défis liés aux plateformes ou à des intermédiaires opérationnalisant certaines des fonctionnalités du numérique.
Intervenants
- Maya Bacache | ARCEP, Club des Régulateurs
- Jean-Yves Ollier | Conseil d’Etat, associé à la Chaire et au Club
- Joëlle Toledano | Professeure émérite associée à la Chaire et au Club (Présentation disponible en ligne)
- Dominique Jamme |CRE, Club des Régulateurs
- Christophe Cousin et Sébastien Lecou | CSA, Club des Régulateurs
- Anna Butlen | HADOPI, Club des Régulateurs (Présentation disponible en ligne)