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Le débat "Regard d'Expert" sur la note "La distribution d’optique médicale et les complémentaires santé"
Intervenants :
- Daniel Herrera, co-auteur de la Note
- Jean-François Tripodi, expert du marché de l'optique, ancien Directeur de Carte Blanche Partenaires, discutant la note
- Joëlle Toledano, Professeure émérite, associée à Chaire Gouvernance et Régulation, Membre du Conseil National du Numérique (CNNUM), modératrice de l'échange
Présentation générale de la note
Le marché français de l’optique est un marché qui concerne une large majorité de français, mais dont le fonctionnement reste largement méconnu. En France, sept personnes sur dix parmi les plus de 20 ans portent des lunettes de vue ou des lentilles. Cette proportion est en hausse : elle a augmenté de 50 % en 25 ans et va de pair avec le vieillissement de la population.Selon la DREES, le nombre de personnes de plus de 55 ans, plus susceptibles d’être affectées par des troubles de la vision (97 % des plus de 60 ans en souffrent en 2020), va augmenter de plus de 40 % entre 2013 et 2050. Plusieurs facteurs, dont l'exposition plus fréquente aux écrans, font des dépenses d’optique médicale un enjeu majeur de santé publique.
Cependant, on constate d’une part que le niveau de prix aux consommateurs ainsi que la dispersion géographique des prix sont tous les deux élevés : les prix d’une paire de lunettes s’étalent entre facilement de moins de cent euros à plus de sept cents euros. D’autre part, on constate que les marges dégagées par les acteurs du marché sont parmi les plus élevées en France et même en Europe. Ces deux indices suggèrent que le marché de l’optique en France n’opère pas de manière efficace et souffre probablement d’une défaillance de marché. Les analyses proposées dans cette GovReg Note suggèrent que le marché de l’optique est opaque. Tant pour l’amont du marché où certains opticiens pratiquent des fraudes à la complémentaire et certains fournisseurs pratiquent des ententes verticales pour limiter la concurrence. Comme pour l’aval du marché où les consommateurs comparent rarement les prix de différents produits optiques et sont au contraire assez insensibles à ces prix en raison d’une forte subvention par leurs complémentaires. Dans ces conditions, le jeu de la concurrence est difficile à entreprendre. Toutefois, les taux de marge élevés attirent de nouveaux acteurs low-cost (grande distribution alimentaire, e-commerce) et entraînent des mutations du secteur (vente à domicile, nouvelle offre bon marché) désentravant potentiellement la concurrence sans pour autant sacrifier la qualité. Si ces éléments ont pu justifier l’intervention du régulateur à deux occasions - en 2014, avec l'introduction des réseaux de soins, de la vente en ligne, les limites de remboursement des complémentaires ; en 2019, avec le 100% Santé- l'impact concurrentiel de celle-ci reste un terrain fertile pour la recherche en sciences économiques. À ce jour, peu d’analyses approfondies des forces économiques sous-jacentes au secteur de l’optique français existent cependant dans la littérature académique. Cette note permet de mieux comprendre le secteur de l’optique, ainsi que les différents acteurs et leurs relations stratégiques. Elle analyse les évolutions du marché de la distribution d’optique médicale depuis une dizaine d’années et leurs articulations avec les régulations mises en place par les pouvoirs publics.Cette note, co-écrite par Lilas Pastré et Daniel Herrera, vous est proposée dans la série GovReg Notes de la Chaire Gouvernance et Régulation.